Autographe original, la comédienne Réjane, 1900
Planche originale ayant servie de maquette au livre de Lu (Lefevre Utile) sur les contemporains célèbres, provenance directe de l'éditeur, autographe manuscrit et photographie originale. Fille d'un contrôleur, ancien comédien et directeur de troupe, et d'une caissière du théâtre de l'Ambigu, Réjane devient à quinze ans l'élève de Regnier au Conservatoire. Après un second prix de comédie en 18741, elle débute dans des pièces à succès comme Un père prodigue (1880). Influencée par le Théâtre-Libre, elle se tourne ensuite vers le naturalisme et crée Germinie Lacerteux des frères Goncourt (1888), La Parisienne d'Henry Becque (1893). Elle crée aussi en France le rôle principal d’Une maison de poupée d'Henrik Ibsen (1894). Mais c'est le rôle-titre de Madame Sans-Gêne de Victorien Sardou, créée au théâtre du Vaudeville en 1893, qui lui apporte véritablement la célébrité. Enceinte de son amant, le comédien et directeur de l'Odéon Paul Porel avec lequel elle entretient une liaison depuis plusieurs années (c'est pour elle que Porel accepte de créer Germinie Lacerteux), elle l'épouse en 1893 et lui donne un fils, Jacques, puis une fille, Germaine. Ils s'installent 25, avenue Franklin-Roosevelt (alors « avenue d’Antin »), dans le 8e arrondissement En 1895, sa tournée en Amérique dans le rôle de Madame Sans-Gêne décuple sa notoriété et New York lui fait un triomphe. Le guide Paris-Parisien la considère en 1899 comme une « notoriété de la vie parisienne », « la plus parisienne des comédiennes ». Elle divorce de Porel en 1905 puis rachète l'année suivante le Nouveau-Théâtre de Lugné-Poe, rue Blanche (9e), qu'elle rebaptise théâtre Réjane après de grands travaux. Elle y donne entre autres la première française de L'Oiseau bleu de Maurice Maeterlinck en 1911 et reprend avec le même succès Madame Sans-Gêne. Elle cède la salle en 1918 au producteur Léon Volterra qui lui donne son nom actuel : le théâtre de Paris. Le mondain Gabriel-Louis Pringué l'évoque ainsi : « Je déjeunais de temps à autre chez Mme [Louis] Stern avec Mme Réjane [...] qui arrivait rue du Faubourg-Saint-Honoré dans un équipage particulier : une voiture affectant la forme d'un cab anglais, mais à quatre roues, traînée par des mules harnachées de grelots et de pompons, cadeau du roi d'Espagne, Alphonse XIII, qui admirait la conversation de la célèbre artiste (qui) avait un esprit de vif argent, sa conversation se montrait un perpétuel feu d'artifice ». Malade, elle fit un bref retour sur scène dans La Vierge folle d’Henri Bataille avant de mourir d'une crise cardiaque le 14 juin 1920. Elle repose au cimetière de Passy aux côtés de son ex-mari et de plusieurs de ses descendants et co-latéraux, dont François Périer, mari de sa petite-fille Jacqueline Porel de 1941 à 1947. Elle habitait à Asnières-sur-Seine au 24, villa Davoust, une « folie » démolie en 1992 malgré l'avis défavorable de l'architecte des Bâtiments de France. À sa place s'élève aujourd'hui l'école maternelle et élémentaire Réjane.